Cette révolution fut d\’abord éminemment technique se voyant que la substitution moderne des équipements et des matériaux photographiques. À cette étape introductive de l\’univers numérique, il s\’agissait simplement de \”remplacer\” une façon de faire traditionnelle de l\’argentique plutôt coûteuse, tantôt rigide, tantôt limitée et assurément polluante voire dangereuse. Cet aspect du numérique a été salué amplement par la communauté photographique.
L\’invasion numérique a donc contribué très fortement à la démocratisation du médium par son accessibilité et son caractère très facile de diffusion. Cette facilité a conquis un auditoire d\’autant plus étendu par un autre avènement encore plus important qui fut l\’explosion de la téléphonie cellulaire et des \”mobiles\” compacts multidisciplinaires. La photographie et la vidéographie sont devenues des formes de langage modernes utilisées dans la vie de tous les jours à tout propos. Le caractère personnel et souvent narcissisme de l\’exercice a pris graduellement une ampleur sans précédent.
Pendant ce temps la photographie traditionnelle comme support d\’expression autonome a connu des moments difficiles. Sa pertinence même et sa pérennité furent mise en doute et elles sont encore. Mais aussi, au bout du parcours de cette révolution numérique, nous avons appris qu\’au fond peu d\’éléments déterminants de la photographie ont vraiment changé. Les sujets, les techniques, les modes de diffusion se ressemblent si l\’on maintient cette comparaison inévitable avec l\’ère analogique (argentique). Les grandes écoles de la photographie comme courants de pensée ou tendances techniques, demeurent. Car tout reste d\’abord une question de contenu plus que de contenant si avancé ce dernier soit-il.


